Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
9 mai 2009

Journées du Livre Jeunesse de Forcalquier

Jeudi 7 mai,

destination les Alpes de Haute-Provence... au pays de la montagne de Lure.plan

Forcalquier se trouve à une heure et quart en voiture d'Aix-en-Provence, au nord de Manosque. DSCN4589

C'est une petite ville de 4300 habitants, mais vivante avec ses nombreux commerces, ses cafés. Quand on arrive, on se dit aussitôt que la vie ici y est peut-être plus douce qu'ailleurs. On se trompe sûrement, mais le soleil illumine tout,

les iris,

les moutons,

les pierres,

la neige au loin sur les sommets.


Je suis invitée à Forcalquier dans le cadre des Journées du livre Jeunesse organisées par Sophie Grimaud de l'association CroqDSCN4594' Livres. DSCN4609En clair, ce sont des bénévoles qui se démènent pour créer et l'événement et le faire vivre, ici, à la campagne. Il leur faut une énergie incroyable et une motivation immense. Ils aiment le livre et s'efforcent de le faire venir dans les écoles, les collèges et jusque dans la rue... car il faut souvent aller au devant des gens plutôt que de les attendre.


DSCN4588


J'ai rendez-vous au collège de Forcalquier pour deux interventions dans des classes de 4ème.


Comme je suis un peu en avance, je me promène dans le collège. Du préau, la vue est sublime.

Je suppose que les élèves n'ont pas conscience de la chance qu'ils ont d'étudier dans un cadre aussi extraordinaire, j'imagine que les profs aussi ne voient plus la beauté du lieu.DSCN4578

Au jour le jour, le regard finit par s'user.

Je retrouve les élèves au CDI. Leur prof de français m'a expliqué qu'ils avaient lu des passages en cours. La plupart des élèves n'ont pas donc lu mon livre Bienvenue à Goma. Au maximum, ils ont commencé à le parcourir. C'est assez difficile d'intervenir dans ce contexte, mais le défi ne me déplaît pas, surtout que la prof m'a prévenue : certains de ses élèves sont restés assez indifférents au sujet du livre et ne se sentent pas concernés par le génocide rwandais.

Il va falloir sortir les avirons !


DSCN4577La première classe est très attentive à ce que je dis. Certains élèves me posent spontanément des questions. On lit sur les visages qu'ils s'interrogent, s'étonnent, s'indignent. La seconde classe reste plus en retrait. Pourtant, je dois pouvoir les faire réagir, susciter chez eux un mouvement, un début de réflexion, bref, les tirer de leur torpeur. C'est ce qui est délicat devant des élèves de cet âge, il faut trouver le juste milieu, leur faire saisir l'horreur d'un génocide, leur montrer comment un génocide ne se produit pas du jour au lendemain, leur faire comprendre en quoi la France a une part de responsabilité dans ce qui s'est passé au Rwanda sans les effrayer, sans heurter leur sensibilité d'adolescent.

Au bout d'un moment, une jeune fille ose dire tout haut ce que d'autres élèves doivent penser comme elle : tout ce que je raconte ne la touche pas, elle ne les connaît pas, ces gens qui sont morts, d'ailleurs, elle ne va pas les ressusciter.

Ils sont morts qu'est-ce qu'elle peut faire ?

Je sens tous les sentiments qui se mêlent dans l'assemblée.

Il y a de la gêne dans l'air. Et du soulagement, de la stupéfaction et de l'ennui aussi.

Les regards sont braqués sur moi.

Je dis qu'elle a tout à fait le droit d'exprimer cette opinion, qu'on est en de la démocratie, mais que je ne suis pas d'accord avec elle, que je comprends qu'elle peut avoir envie de se protéger et faire comme si tout ça n'avait jamais existé, mais que je ne pense pas que cette attitude soit la bonne et que je vais lui expliquer pourquoi.

Quelques secondes plus tard, un garçon fait remarquer que c'est important de savoir ce qui s'est passé avant nous, pour tenter d'éviter que cela recommence. OUF !


Vendredi 8 mai. Séance de signature à la la libraire La Carline.

DSCN4599Nous sommes quatre auteurs.

Mario Ramos, auteur-illustrateur belge, dont les enfants connaissent bien les personnages car ses albums sont dans toutes les écoles, Caroline Laffon qui a écrit de nombreux livres documentaires et qui est présente pour les quatre livres de la collection Il est comment le monde qu'elle a imaginés pour Actes Sud Junior, Olivier Costes, un artiste multi talents, qui écrit des histoires, des chansons et qui présente un livre-CD Le stylo à cancre paru également chez Actes Sud Junior. Pendant toute la semaine, ils ont rencontré les enfants des écoles maternelles et primaires de la région de Forcalquier. Certains de ces enfants viennent d'ailleurs les revoir et s'acheter un livre pour le faire dédicacer.

DSCN4597A un moment, Victor qui est en CP chante avec Olivier. C'est joli d'entendre ces deux voix se mêler. Puis, le petit garçon demande :


Alors,

t'es

écrivain?

Marion est en seconde. EllDSCN4582e rêve de devenir journaliste. Je lui explique les études à suivre. Elle souffle un peu. Elle me dit:

C'est normal

d'en avoir déjà marre

des études ?

On rit, oui, c'est normal.

Elle sourit, dit qu'elle va quand même s'accrocher.

Manon, une élève que j'ai croisée hier au collège, se pointe devant moi. Elle veut s'acheter Bienvenue à Goma. Elle a envie de connaître la suite de l'histoire car elle n'a lu que les 20 premières pages sur l'exemplaire prêté par sa prof.


Puis une femme, belle crinière blonde, regard perçant, se présente devant moi. C'est Marie-Florence Ehret, écrivain. Nous aurions dû nous rencontrer l'année dernière dans le cadre du Prix des lycéens allemands qui avait sélectionné nos deux livres, Fille de crocodiles (Thierry Magnier) pour elle, et Dans la peau des arbres, pour moi. Mais j'avais dû décliner l'invitation pour des raisons de santé. Elle est de passage dans le secteur et elle est venue faire un saut : je trouve ça plutôt sympathique.

J'aime cette curiosité !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité