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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
23 mai 2009

LE MAGUE, 23 MAI 2009

Génocide : Bienvenue dans la scandaleuse France

Isabelle Collombat a collaboré à Radio Gatashya, une radio à vocation humanitaire pour les réfugiés rwandais de Goma. Cette expérience lui a inspiré "Bienvenue à Goma" (Editions du Rouergue, collection doAdo), ouvrage poignant, marquant et sans concession.

Bienvenue en France ... bienvenue dans le pays des Lumières, bienvenue dans le pays des droits de l’Homme ... Et comme dirait le Général, vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance !!!!! ..........

Le MAGue : Cinq mots commençant par C vous définissant bien.

Isabelle Collombat : Chocolat – Curieuse – Culpabilité - Critique – Cuisiner.

Le MAGue : Quels sont vos liens avec le Rwanda ?

Isabelle Collombat : Je n’ai aucun lien direct avec le Rwanda. En avril 1994, comme Elsa, l’héroïne de mon roman, j’étais stagiaire dans la rédaction d’une radio. De là, j’ai assisté au génocide rwandais. Quelques mois plus tard, je suis allée à Goma, une ville du Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) qui se trouve à la frontière du Rwanda. J’ai travaillé dans cette ville pour une organisation humanitaire en tant que journaliste et j’ai découvert les camps de réfugiés rwandais. A mon retour, je n’ai cessé de m’intéresser au Rwanda. J’ai lu beaucoup de livres de journalistes qui ont témoigné ou enquêté sur le sujet.

Le MAGue : Peut-on espérer qu’un jour toute la lumière soit faite sur le rôle de notre pays dans ces horribles événements ?

Isabelle Collombat : On sait déjà tellement de choses sur le rôle de la France au Rwanda. Presque tout. Ce qui reste à faire, c’est reconnaître publiquement la responsabilité de la France dans le génocide rwandais. Cela, c’est l’affaire de nos gouvernants. S’ils décidaient de le faire, leur action publique en serait grandie. Contrairement à ce que certains s’imaginent, oser dire ce qui a été, c’est faire preuve d’une grande force. Le silence est un aveu de faiblesse.

Le MAGue : Quel est votre mot préféré ?

Isabelle Collombat : Je n’en préfère aucun. J’aime les mots côte à côte, quand ils s’emboîtent dans une phrase. Je hais les préférences, les couleurs préférées, les amis préférés, les fils préférés, etc.

Le MAGue : A quoi sert l’écriture ? Peut-elle sauver de quelque chose ?

Isabelle Collombat : Henning Mankell, écrivain suédois, dit qu’écrire sert à calmer la rage. J’aime bien cette définition. Est-ce qu’écrire sauve ? Cela dépend. L’écriture peut sauver du naufrage les êtres englués dans le silence. Cela peut être aussi l’inverse. On assassine ceux qui écrivent une réalité que d’autres voudraient laisser cachée. Comme en Russie où l’on achève bien les journalistes. Dans ces cas-là, écrire, c’est signer son arrêt de mort.

Le MAGue : Isabelle Collombat en 5 dates.

Isabelle Collombat : 1970 ma naissance à Lille et l’année de naissance de chacun de mes quatre enfants.

Le MAGue : Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?

Isabelle Collombat : Je ne sais pas. J’ai horreur des généralités.

Le MAGue : Quel serait votre projet artistique le plus fou ?

Isabelle Collombat : Question difficile. Je suis quelqu’un de plutôt raisonnable. Mais écrire des chansons, ce serait fou, écrire pour Diam’s ou pour Miossec.

Le MAGue : Quelle a été la réaction d’un de vos lecteurs qui vous a le plus surpris ?

Isabelle Collombat : Je présente souvent Bienvenue à Goma à des classes dont les élèves n’étaient encore que des bébés en 1994. Pour eux, cette époque semble lointaine. Je les provoque parfois. Je leur dis que je peux très bien comprendre que le génocide rwandais ne les intéresse pas beaucoup. Un jour, un élève de lycée professionnel s’est insurgé. Ce garçon m’a lancé : Comment, madame ? Il y a eu un million de morts et vous croyez que je vais vous dire que je m’en fous ? Vous croyez que je vais vous dire que ça ne me concerne pas ? Je ne serais pas un être humain si je réagissais comme ça.

Le MAGue : Quelle est la question que vous n’auriez pas aimé que je vous pose ?

Isabelle Collombat : Mystère ! Je sais par expérience qu’il vaut mieux être dans la peau d’un intervieweur. Répondre, c’est toujours prendre le risque d’être incompris.

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