Après-midi à la fac de Dijon
La boîte à questions est vide.
C'est une bonne idée, ça, la boîte à questions qui évite aux timides de poser eux-mêmes leur question !
Dans l'amphithéâtre de la fac de Dijon, la cinquantaine de collégiens s'éparpille déjà.
Pendant presque 90 minutes, j'ai répondu à leurs questions sur mon roman "Bienvenue à Goma" et, eux, sont restés particulièrement calmes, à l'écoute.
Ils sont membres du club
lecture du collège Le Chapitre de Chenove ou élèves de 6ème et 4ème du collège
Saint-Joseph de Dijon.
Je suis là cet après-midi parce que Bienvenue à Goma est sélectionné dans le cadre du Prix des Embouquineurs 2009. A Dijon, c'est la librairie Grangier qui organise la manifestation avec les établissements scolaires. Maryline et Frédérique qui s'occupent du rayon jeunesse m'escortent pour l'occasion.
A la fin, les profs viennent me saluer. Léo fait comme eux. Il me serre la main. Léo n'a pas douze ans et c'est un garçon étonnant. Je remarque sa peau laiteuse et ses grands yeux noisette curieux, mobiles. Je lis dans ce regard des tas de rêves. Léo adore l'histoire-géo. Il rêve d'être prof d'histoire et d'écrire des livres. Bienvenue à Goma l'a d'autant plus intéressé, me dit-il, qu'il a déjà été en Afrique. Au Nigéria. Sa maman voulait lui offrir un voyage en cadeau d'anniversaire. Léo a choisi le Nigéria, ce qui n'est pas banal pour un jeune garçon.
Léo me demande si j'écrirais encore un livre sur un génocide. Ou sur un événement comme ce qui est en train de se passer en Birmanie.
Justement, je lui dis, j'aurais bien aimé écrire sur Aung San Suu Kyi, la Prix Nobel de la paix. Mais mon projet n'a pas convaincu.
Alors, Léo souffle doucement :
"Ce n'est pas grave, de toute façon, des génocides, il y en aura encore. Des massacres, il y en aura d'autres..."
Léo dit ça sans ironie, le menton qui s'envole.
Ses yeux écarquillés semblent à la fois vous dévorer et se promener dans une autre galaxie, avides de découvertes et rêveurs.
Quelques instants plus tard, Léo me confie avoir lu trois fois mon premier roman Dans la peau des arbres. J'avoue que, pour moi, c'est un choc d'entendre ce jeune garçon m'expliquer qu'il a cherché mon livre partout avant de le trouver.
Merci Léo !
C'est formidable d'être comme ça, à presque 12 ans...