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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
25 juin 2009

Les mots de la guerre dans l'est du Congo

Je suis retournée sur le site "État critique" qui raconte la vie des gens en République démocratique du Congo. Un site lancé par MSF (Médecins sans frontières).

A chaque fois, je suis sidérée par ce que j'y découvre, par ces visages, ces portraits que je vois.

La guerre dure dans l'est du Congo.

Je lis tous ces fragments de vies déchiquetées.

Je me souviens de cette collégienne qui bâillait pendant que je présentais à sa classe Bienvenue à Goma et qui m'expliquait que tout ça l'ennuyait parce qu'elle n'y pouvait rien et que les gens dont je parlais étaient morts.

Non, ils ne sont pas tous morts. Ce qui est vrai, c'est qu'ils continuent de souffrir, d'endurer et de mourir, là-bas très loin, au cœur de l'Afrique.

Aujourd'hui sur le site "Etat critique", j'aperçois Carine, 14 ans, qui rêve de devenir infirmière.

http://www.condition-critical.org/fr/i%E2%80%99d-like-to-become-a-nurseplus-tard-je-voudrais-devenir-infirmiere/

Il faut voir Carine, sa petite tête au regard fatigué. J'interprète peut-être.

Carine dit :

" Je vais à l’école et suis actuellement en cinquième primaire. J’aime beaucoup aller à l’école. Ma matière préférée est la géographie mais au fond j’aime toutes les matières et particulièrement mon professeur. Les cours sont vraiment intéressants et c’est très important pour moi.

Plus tard, je voudrais devenir infirmière donc je dois bien travailler à l’école. Mon papa travaille au centre de santé de Masisi et je vois qu’il aide beaucoup de monde. Plus tard, je voudrais faire la même chose."

Carine a l'âge de la collégienne blasée que j'ai rencontrée dans un CDI et qui vit quelque part dans mon pays en paix et qui se fout que le reste de la planète crève.

Je n'ai jamais pu regarder ailleurs que là où ça fait mal.

C'est dans ma nature, mais ça s'apprend aussi, je crois, ça se transmet, c'est ce j'essaie de faire.



http://www.condition-critical.org/fr/

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Commentaires
A
Ton post est très touchant. "Je n'ai jamais pu regarder ailleurs que là où ça fait mal." <br /> J'espère, oui, que ça s'apprend. J'envie ton optismisme à ce sujet. Parfois je crois sincèrement qu'il y a des gens qui ne peuvent pas regarder ailleurs que là où tout va bien. :-)<br /> Peut-être cette collégienne blasée avait-elle "d'autres soucis", comme on dit, qu'elle vivait des choses dures dans sa famille, par exemple... Mais même dans ces conditions, le chant de sa propre souffrance ne rend pas sourd aux souffrances des autres, généralement il rend justement plus sensible (c'est en tout cas ce que j'ai remarqué chez de nombreux collégiens qui souffrent, et sont très compatissant, ils sont rendus perméables à la souffrance des autres). Ceux, peut-être, qui n'ont jamais souffert, se protègent de la souffrace des autres par l'indifférence. Ça les blinde.<br /> "Il se moque des cicatrices, celui qui n'a jamais été blessé" dit Roméo dans la pièce de Shakespeare...
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