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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
4 octobre 2010

Le vert ne porte pas toujours malheur

Le sourire de Marina Silva s'étale aujourd'hui à la une de toute la presse internationale, dithyrambique quand elle évoque le résultat de la candidate du parti Vert, à l'issu du premier tour de l'élection présidentielle au Brésil.

Effectivement, hier, à la surprise générale, un électeur brésilien sur cinq a voté pour elle.

Pourtant, cheveux tirés en arrière en un gros chignon strict, Marina_Silva_epocaMarina Silva a perdu : elle n'ira pas au second tour de l'élection présidentielle. Mais son échec sonne comme une victoire. Il y a quelques mois, les sondages la créditaient de seulement 3% des voix. Sa présence a sans doute empêché la candidate favorite, Dilma Roussef, pour qui Lula avait fait campagne, de l'emporter dès le premier tour.

Marina, issue d'une famille de récolteurs de caoutchouc du plus profond de l'Amazonie, a obtenu 19,6 millions de voix. Deux fois plus ce que lui avaient promis tous les observateurs de la vie polique brésilienne à qui elle répliquait d'ailleurs :

"L'utopie doit continuer !"

Sacré parcours que celui de Marina Silva, analphabète jusqu'à l'adolescence, longtemps malade, qui a connu Chico Mendes, s'est battu à ses côtés dans les années quatre-vingt pour défendre les droits des ouvriers du latex et une certaine idée de l'humanité.

Sénatrice en 1994 puis ministre de l'environnement du président Lula de 2003 à 2008, elle a démissionné quand elle a compris que Lula n'avait pas autant d'ambitions qu'elle pour l'Amazonie. Il aurait fallu pour cela qu'il soit prêt à affronter les lobbies qui ne supporte pas qu'on ne se mêle pas de leurs affaires au coeur de la forêt.

Au Brésil, Marina Silva est un symbole d'intégrité, de combativité aussi. Elle sait de quoi elle parle quand il s'agit d'Amazonie et de déforestation.

En 1988, quand Chico Mendes a été assassiné, lui le défenseur des peuples de la forêt et de la forêt amazonienne tout entière, qui aurait imaginé qu'un "seringueiro" (récolteur de caoutchouc) se présenterait, un jour, à l'élection présidentielle et récolterait près de de 20 millions de voix ? Et de surcroît que ce seringueiro serait une femme ?

Il paraît que, majoritairement, ce sont les jeunes qui ont voté pour Marina Silva. Décidément, dans ce pays, les temps changent. L'écologie n'est plus considérée comme secondaire, superflue, mais, de plus en plus, comme une nécessité. Avec 20% des suffrages, Marina Silva a les moyens de discuter pour faire en sorte que l'écologie entre de plein pied, non seulement dans le débat, mais débouche aussi sur des mesures concrètes. Un signal encourageant à une époque où certains dirigeants politiques justifient leur mollesse écologique en avançant que la crise économique les empêche de prendre des mesures significatives.

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