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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
26 novembre 2010

P comme Poètes

J'ai été très gâtée cette première semaine de mes quarante ans. J'ai reçu trois livres dont deux de poésie.

Quel bonheur que de recevoir un livre de poèmes ! Je crois qu'il n'y a pas plus beau cadeau. Enfin, j'exagère un peu. Un cadeau, quand on comprend en le recevant que celui qui vous l'offre a saisi ce que vous êtes, en partie, à moitié, tout entier, c'est formidable, bouleversant.

Comme je l'ai déjà écrit, je me sens comme une néophyte avec la poésie, je l'aborde avec timidité, respect, prudence, modestie.

Mon premier cadeau-livre n'est pas qu'un reccueil de poèmes. Il comprend des textes de Tanikawa Shuntarô et des dessins de Paul Klee.

Tanikawa Shuntarô est Japonais. C'est l'un des plus klee_po_megrands poètes d'aujourd'hui, un des plus populaires au Japon. Il s'est inspiré des anges qu'a dessiné Paul Klee à la fin de sa vie et a écrit une vingtaine de poèmes publiés dans une édition bilingue. La maison d'édition, Abstème et Bobance, a imprimé 1000 exemplaires sur papier brut de centaure 150 g. Je considère mon exemplaire comme un trésor, un objet rare.

En ouvrant le reccueil, je découvre ces vers :

"Un cadeau d'un ange qu'est-ce que ça peut-être ?

Et ce présent comment le reconnaître ?

Ce n'est pas une fleur ce n'est pas une étoile

pas un gâteau non plus pas un coeur souriant

Mais sans doute ce don

qu'il nous fait de nous-mêmes..."

hessel_po_sieMon deuxième livre-cadeau est signé Stéphane Hessel, grand témoin de notre temps, né à Berlin en 1917, engagé dans la France libre puis déporté, diplomate. Stéphane Hessel a eu plusieurs vies. Je l'ai découvert quand il a accompagné, supporté, défendu le combat des sans-papiers de l'église Saint-Bernard. Stéphane Hessel n'est pas un poète, mais un grand amateur de poésie. Toute sa vie, il a 93 ans aujourd'hui, il a lu, goûté, appris des poèmes. Il en a fait un livre "O ma mémoire, la poésie ma nécessité" dans lequel il veut partager 88 poèmes qui l'ont accompagné. Il raconte pourquoi chacun de ses 88 poèmes a joué un rôle important dans sa vie. C'est très beau, évidemment.

Enfin, le troisième livre est également un livre de Stéphane Hessel. Très mince et très puissant. Le genre d'écrit qu'il faudrait avoir en permanence non seulement sur sa table de nuit, mais aussi sur la porte de son frigo, sur le miroir de sa salle-de-bain, etc.

Il est intitulé INDIGNEZ-VOUS. Stéphane Hessel rappelle que le motif de la Résistancehessel a été l'indignation... et dit pourquoi aujourd'hui il y a de quoi être un Homme indigné.

En 2004, à l'occasion du 60ème anniversaire du Conseil national de la Résistance, d'anciens résistants dont Stéphane Hessel avaient lancé un appel " à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.

A tous ceux et celles qui feront le XXIème siècle, nous disons avec notre affection :

CREER, C'EST RESISTER.

RESISTER, C'EST CREER."

Et puisqu'il est question de poésie et d'engagement, je veux citer ces vers d'Aimé Césaire sur lesquels je suis tombée hier en travaillant sur un projet qui me tient très à coeur parce qu'il concerne le Rwanda et les jeunes du Rwanda :

« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle,car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... ». 

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Commentaires
G
Heureux et très touché de votre rencontre, Isabelle, avec Stéphane Hessel et Aimé Césaire. On ne peut mieux s'accorder et se formaliser avec la poésie de notre temps qu'en leur compagnie.<br /> <br /> Le premier, en outre, fut un diplomate et médiateur francais particulièrement efficace en Afrique. Notamment dans les pourparlers pour la libération de Francoise Claustre, otage des rebelles tchadiens au Tibesti.<br /> <br /> Le second, Aimé Césaire, fut le porte-flambeau de la négritude, avec Léopold Sédar Senghor et Léon Damase. J'ai eu l'honneur et le plaisir de présenter Césaire au public du palais des Beaux-Arts à Bruxelles, au début des années 60. Une rencontre inoubliable.<br /> <br /> Le style éblouissant du poète martiniquais, les mélopées de Senghor et de l'historien, poète et philosophe rwandais, Alexis Kagamé, ont marqué et enthousiasmé ma jeunesse. Ce sont les 3 intellectuels noirs que je considère encore aujourd'hui comme mes maîtres à penser.
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H
Gaetan disait qu'il croyait aux ondes. J'ouvre le blog et découvre le livre des anges. La poésie éclaire ce qui est beau et fragile, elle nous met en chanson. <br /> J'ai effeuillé ton blog comme un carnet de voyage: jours d'eau douce, de feu, engagée dans le monde et en distance, feuille de route aux couleurs de tes dessins d'enfants.
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