Des Haïkus, des photos ( et des bonnes choses à manger aussi !)

La semaine qui suit des rencontres quand je retrouve le calme de mon bureau, je refais, dans ma tête, le déroulement de mes interventions. Je me souviens des visages et des mots. Tous ces moments, pour moi, ne sont pas anodins. Ils comptent. Je les prends à coeur. J'y réfléchis longtemps encore après. Ils me chamboulent aussi, m'obligent à me remettre en question.

La semaine dernière, dans les Pyrénées Orientales, j'ai apprécié que ces rencontrent avec des classes de 6ème qui ont participé au "feuilleton des Incos" et donc qui ont assisté à la naissance de mon livre "En Cavale" se déroulent dans des bibliothèques, des médiathèques. Il me semble important que les établissements scolaires soient ouverts vers l'extérieur et, inversement, je trouve nécessaire aussi que les collégiens sortent de leurs établissements. Les bibliothèques sont des lieux à part, de connaissance et de rêve, de rencontre et de partage.

A Port-Vendres, dans une minuscule (et un peu vieillotte) bibliothèque qui sera remplacée bientôt par une médiathèque toute neuve, les enfants étaient assis par terre, certains même un peu allongés. Au début de notre échange, j'ai pensé : ils s'ennuient peut-être. Mais je me trompais. Même ceux qui me semblaient un peu affalés n'ont pas manqué de me poser des questions. En réalité, notre discussion a été belle, intense, riche. J'ai aimé que les enfants, tous des volontaires du club lecture venus de différentes classes, ne se sentent pas contraints. Nous étions là pour parler de livre, d'écriture, de lecture, d'histoires. Il ne s'agissait pas d'étudier une matière en particulier.

(Merci à Stéphanie pour la photo )

La veille à Arles/Tech, à l'intérieur des terres, les murs de la

bibliothèque étaient découverts de clowns peints par des enfants de maternelle, exubérants et multicolores. Les enfants aussi se sont installés par terre. J'étais un peu sur mes gardes. En réalité, peu d'entre eux avaient participé au feuilleton des Incos. La plupart ne connaissait donc pas l'histoire, ce qui ne me plaisait pas. Intervenir devant une classe qui n'a pas lu m'est théoriquement impossible. Ce n'est pas une question de susceptibilité mal placée.

Simplement, un enfant qui arrive devant un adulte qu'il ne connaît pas a besoin de sentir confiant et sûr de lui pour poser des questions. S'il arrive en touriste, il est démuni, placé, automatiquement en position d'infériorité. S'il a lu et travaillé le texte, il est plus à l'aise pour entrer dans la discussion et la rencontre lui devient profitable. Heureusement, à Arles/Tech, les élèves qui avaient participé au feuilleton n'ont pas été ni fragilisés ni déstabilisés par la majorité qui n'avait pas lu. Ils ont posé leurs questions et les autres élèves ont rebondi sur mes réponses. Bref, la rencontre a été sauvée par les enfants qui se sont tous sentis concernés, intéressés par ce moment.

J'ai notamment expliqué aux enfants que, dans le cadre du feuilleton, ils ne m'avaient pas aidé à écrire mon histoire, mais qu'ils avaient fait beaucoup mieux : ils m'ont accompagné et m'ont permis, ce faisant, à donner le meilleur de moi-même.

J'ai reçu en cadeau un paquet de rousquilles, la spécialité d'Arles-sur-tech : des biscuits délicieux recouverts de sucre-glace tout frais ! Et plus tard, sur la route, nouveau cadeau : des cerises de Céret, la capitale de la cerise !

L'après-midi, étape à Saint-André, rencontre forte avec des enfants, la classe de 6èmeE du collège Pierre Mendès France de Saint-André, que le "feuilleton des Incos" a emballés, aspirés, enthousiasmés. Je retiens que tous les élèves, scolaires ou pas, premiers de la classe ou élèves en difficultés, se sont sentis concernés par notre aventure littéraire. C'est le plus beau succès de cette expérience. Pour Sandrine, l'enseignante de français, le feuilleton a permis de fédérer les enfants, de renforcer leurs liens, leurs relations. J'aime cette idée que les livres aident à vivre mieux.

Les enfants ont écrit des haïkus à partir des titres de mon livre. Leur reccueil m'a beaucoup plu. En voici quelques uns :

Louna:

Arbres en pleurs

Feuilles dans l'air

Après la tempête

Grégoire :

L'enlèvement

Des vaches rend

L'herbe triste

Aurélia :

Dans un autre monde

Se cachent peut-être

Un cheval rose et un cochon vert

Léo :

L'enlèvement de ma petite

Soeur fait l'enlèvement

D'une grande partie de mon coeur

Mathieu :

L'enlèvement

De mon ordinateur

C'est la mort

Lucas :

Après la tempête

Vient le beau temps

C'est le paradis.

Dylan :

Pour le meilleur

Et pour le pire

Le choix de l'avenir

Alexandre :

Après la tempête

Toutes les petites bêtes

Sortent leurs têtes

Chloé :

Enlever

Prendre deux mots

Tout en prenant

ça fait du vent

En plus des haïkus, j'ai reçu aussi de succulentes spécialités régionales. Un vrai bonheur !

(merci à Hélène pour les photos... )

Le lendemain, après Port-Vendres le matin, direction la médiathèque toute

neuve d'Argelès dans des locaux réhabilités. Ici, les élèves sont très organisés : chacun a sa question.

A la fin, je retiens une question : à la lecture de vos livres (à Argelès comme à Port-Vendres ou Saint-André et Arles/Tech, ils sont plusieurs à avoir lu d'autres romans que j'ai écrits), est-ce que vous pensez que les adultes ne peuvent s'empêcher de faire du mal aux enfants, même involontairement ?

Je bricole quelques chose. Je m'embrouille. La question m'a troublée !

Enfin, la surprise : les élèves ont réalisé quatre bandes annonces pour "En Cavale". Je les mettrai en ligne sur mon blog dès que j'aurais trouver le moyen technique de le faire. Je les trouve superbes ! 

Merci à Jean-Charles Verveur pour les photos d'Argelès !

Un grand merci à tous avec de grosses bises en supplément !