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Ces derniers temps, j'ai hérité d'une étiquette : je suis une auteur engagée. Je ne vais pas faire l'innocente. Je ne le suis pas (innocente). J'ai écrit deux livres dans la collection "Ceux qui ont dit non"

chez Actes Sud Junior : "Chico Mendes : Non à la déforestation" et "Janusz Korczak : Non au mépris de l'enfance". Deux petits ouvrages que l'on prend à tord pour des livres documentaires. Mais à mes yeux, ce sont d'abord deux romans que personne ne m'a commandés. Dès que j'ai eu connaissance de la collection "Ceux qui ont dit non", j'ai eu envie d'apporter ma contribution. C'est tellement difficile de dire NON. Il m'a fallu ensuite convaincre Murielle Szac, la directrice de cette collection, de bien vouloir accepter mes projets.

"Chico Mendes...." raconte le parcours d'un enfant de neuf ans né au coeur de l'Amazonie, fils de seringueiro (récolteur de caoutchouc), il était destiné à le rester ou alors, faute de travail, à rejoindre la masse des travailleurs pauvres du Brésil. A 20 ans, Chico a fait une rencontre incroyable dans la forêt et le cours de sa vie a pris une autre voie. Il n'est jamais devenu riche, mais il a défendu sa forêt menacée devant les grands de ce monde et découvert que son combat pour l'Amazonie était avant tout un combat pour l'Humanité. Chico était un homme engagé, il en est mort à la fin des années quatre-vingt.

"Janusz Korczak..." avec son nom imprononçable pour qui n'a jamais eu l'idée d'apprendre le polonais est aussi l'histoire d'un petit garçon, Henryk (son vrai prénom), "fils d'un fou" comme il se désignait lui-même, un peu trop sensible, qui se mit en tête que pour changer le monde il fallait d'abord commencer par le sort réservé aux enfants. Devenu grand, médecin et écrivain, il alla au bout de son projet, de ses idées et refusa d'abandonner les enfants de son orphelinat quand ceux-ci furent enfermés dans le ghetto de Varsovie puis emmenés plus tard dans les trains de la mort jusqu'à Treblinka. En parallèle de cette histoire, je raconte aussi celle d'une toute jeune adolescente d'aujourd'hui qui découvre ce que fut l'enfance de son arrière grand-mère, Nana.

Chico et Janusz, deux époques, deux pays, deux combats, deux personnalités hors du commun, deux hommes engagés, deux vies dont j'ai choisi certains moments, certains aspects. Deux romans aussi inspirés de faits réels, mais comme le sont aussi mes autres romans : "Dans la peau des arbres", "Bienvenue à Goma", "Quand mon frère reviendra", "En cavale". Le réel est une source inépuisable d'inspiration, de transformation, de réinterprétation.

Écrire un roman ne veut pas dire qu'on ne se documente pas. Ces livres m'ont demandé une somme de travail qui n'est pas proportionnelle au nombre de pages. Je ne suis ni une spécialiste de la forêt, ni une encyclopédie vivante de "l'espèce enfantine". J'ai choisi ces deux sujets parce qu'ils me parlent, me troublent, me touchent, m'interrogent et que j'avais envie d'en savoir plus. Pour apprendre, il faut parfois se mettre en tête d'écrire un livre. 

Écrire sur eux est un acte de curiosité, un choix aussi.

Donc, si choisir, c'est s'engager, si s'interroger, l'est aussi,

si la curiosité même est déjà un engagement,

alors je veux bien être une auteur engagée. 

Définition de mon vieux dictionnaire Larousse (1924) : Engager, lier par une promesse. Engager une personne. Engager le combat. Exhorter, Commencer.

JANUSZ KORCZAK : "Non au mépris de l'enfance" (Actes Sud Junior)