Usure Usine Inhumain

Dans mon abécédaire, à la lettre U, je trouve le mot usine.

Dans mon roman La tête de de mon brochet

qui sort chez Thierry Magnier

dans la collection Petite Poche, l'usine surgit à l'horizon.

Une présence monumentale, mais une structure désossée, en décomposition en face de l'étang, un fantôme entre le feuillage des arbres et les bouquets d'iris. L'usine ne fonctionne plus, démontée, mais ses restes demeurent visibles, à ciel ouvert. L'usine continue de vivre à travers les cicatrices, les stigmates qu'elle a gravés sur les corps des hommes, de ses ouvriers. Leurs silhouettes tordus, leurs respirations chaotiques, leurs ossatures usées, leurs peaux lessivées.

La tête de mon brochet - roman pour les 7-77 ans et au-delà

U comme Ursule, ultime, union, urne, utile, urgences.

Dans mon abécédaire, à la lettre U, il y a aussi le U de INHUMAIN. Je pense à Léonarda, collégienne de 15 ans, expulsée avec ses cinq frères et soeurs âgés d'un an à 17 ans, sa mère, vers le Kosovo d'où la famille est originaire. Les enfants étaient scolarisés depuis quatre ans en France. Ils leur manquaient deux mois pour bénéficier d'une circulaire et rester vivre en France. Leur avion est parti la semaine dernière depuis l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, tout près de là où j'habite.

Léonarda a été récupérée par la police au cours d'une visite scolaire. Sa classe de troisième allait visiter l'USINE de Sochaux. La police a demandé au car de s'arrêter en cours de route.

Les enseignants de Léonarda ont écrit une lettre pour dire leur émotion. Leur texte finit ainsi : "Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, sommes choqués de voir comment les efforts d'intégration fournis par ces enfants à l'école sont réduits à néant par des politiques aveugles et inhumaines."

A lire le récit de l'enseignante de Léonarda : ICI.