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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
1 juillet 2014

Brésil, l'enfance, l'écologie et le foot

A l'heure où les caméras des télévisions du monde entier sont braquées sur les terrains de foot du Brésil, je découvre une vidéo tournée vingt-deux ans plus tôt dans ce pays : le discours de Severn Suzuki, une enfant de 12 ans qui s'adresse aux 110 chefs d’état et 2 400 représentants d’organisations non gouvernementales présents le 14 juin 1992 à Rio de Janeiro à la Conférence des Nations Unies consacrée au développement et à l’environnement. Discours remarquable et percutant.

Je pense, en l'écoutant, aux deux personnages auxquels j'ai consacré un petit livre de la collection Ceux qui ont dit non chez Actes Sud Junior "Janusz Korczak : "Non au mépris de l'enfance" et "Chico Mendes: "Non à la déforestation".

Cette vidéo les réunit parfaitement. D'un côté, Korczak qui a inventé des droits aux enfants face à la toute puissance des adultes. Et de l'autre Chico Mendes, récolteur de caoutchouc devenu syndicaliste brésilien et défenseur de la forêt amazonienne.

Korczak (1878-1942) était un pédiatre et écrivain polonais. Il avait élaboré des droits élémentaires de protection des enfants (santé, nourriture,

couv Janusz Korczakéducation, enseignement), mais surtout mis sur pied leurs droits actifs de participation et d'expression. Il pensait en effet que les enfants devaient s'exercer à la citoyenneté. Dans les deux établissements qu'il avait fondés en Pologne et qu'il avait transformés en "République des enfants", il avait, par exemple, créé un parlement des enfants qui leur permettait de s'impliquer directement dans l'organisation de leur vie quotidienne. Un tribunal des enfants leur donnait la possibilité de régler leurs conflits autrement que par la violence, même si Korczak reconnaissait aux enfants le droit à la bagarre à condition de respecter certains principes de loyauté. En 1926, le pédiatre avait aussi créé un journal fait par et pour les enfants.

livres-chico-mendes-deforestation-bigNé en 1944, fils de seringueiro, un récolteur de caoutchouc, Chico Mendes était un militant syndicaliste brésilien qui avait commencé par défendre les récolteurs de caoutchouc puis la forêt amazonienne, découvrant par la même que ce combat était un combat pour l'humanité. Lui qui avait commencé à travailler dans la forêt avec son père dès l'âge de neuf ans puis appris à lire et écrire seulement à lâge de vingt ans avait été à Washington en 1987 convaincre les dirigeants de la Banque mondiale de ne pas accorder de crédit pour la construction d'une route à travers l'Amazonie.  

Chico Mendes gênait ceux qui se figuraient que l'Amazonie était leur propriété et qu'à se titre, tout leur était permis. Il a été assassiné en 1988 à Xapurí par des tueurs à gages payés par des propriétaires terriens. Le discours de la jeune Severn Suzuki à Rio de Janeiro est quasiment contemporain de la mort de Chico qui se produit quatre ans plus tôt au nord du Brésil.

Chico Chico Mendes avait inventé un mode de protestation non-violente pour défendre la forêt : l'empate, mot qui signifie "match nul". Les ouvriers du caoutchouc rejoint par leurs familles, femmes et enfants, empêchaient par leur présence les ouvriers chargés de la déforestation d'abattre les arbres.

Aujourd'hui à Paris, à l'occasion de la Coupe du Monde de football, des écologistes ont créé le "Chico Mendes Football club" pour
sensibiliser le monde du foot à l'écologie. Une information à lire ici sur le site de So Foot ou là sur le site de Reporterre

Sur son blog, le foot club Chico Mendes explique : "On ne gagnera jamais la Champions League, (quoi que, va savoir) mais nous ne perdrons jamais la face devant les pollueurs, les bétonneurs, les lobbies qui saccagent la planète. La lutte contre la pollution, la destruction des écosystèmes, et l’engagement pour la protection des espaces naturels et de la biodiversité sont inséparables du combat pour l’égalité des droits, la justice sociale et la démocratie. Tant que quelque part à la surface de notre globe il restera de l’herbe et des ballons ronds, nous défendrons le football et l’écologie. Et même après."

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