Tristesse

Turin semble si triste ce matin. Pas vraiment parce que je quitte l'Italie et qu'une page se tourne dans mon travail avec les producteurs Emmanuela Barbano, l'Italienne, et Pétar Mitric, le Serbe, dans le cadre du Torino Film Lab. Nous nous retrouverons peut-être, je l'espère fortement, plus tard avec mon projet de film "Elsa à Goma", adaptation de mon livre "Bienvenue à Goma".

Non, ce matin, je pense à Didier Sudres, technicien à Radio France. J'ai appris son décès hier à l'âge de 52 ans. Un choc.

Didier avait couvert avec les journalistes des chaînes du groupe Radio France beaucoup de guerres, de conflits, de catastrophes humanitaires, d'événements sportifs aussi et tout ce qui constitue, au quotidien, l'actualité. 

J'avais fait la connaissance de Didier il y a vingt ans au mois d'août 1994 à Goma. Je garde une image très claire de ma première rencontre avec lui. Je me souviens de la valise satellite qu'il avait déployée à l'Hôtel des Grands Lacs et de son sourire alors que la journée avait été difficile.

J'ai appelé Didier cet été alors que j'écrivais le scénario d'Elsa à Goma et il m'avait répondu avec passion et gentillesse. Je voulais qu'il me raconte son expérience de Goma cet été 1994, les difficultés qu'il avait rencontrées, ce qui l'avait marqué. Il avait évoqué avec moi des souvenir précis et éprouvants.

Didier était un homme curieux des autres. Il m'avait posé, à son tour, des questions sur mon projet de film. Lui qui, avant de faire de la radio, avait commencé sa vie professionnelle dans le cinéma, un univers qu'il avait quitté le jugeant sévèrement, réalisait, par conséquence, la difficulté de mon entreprise.

J'avais promis de le tenir au courant.

J'avoue que, ce matin, je ressens une profonde émotion. Je pense à sa compagne et à son fils.