Responsables et humains

Hier matin, à défaut de Charlie Hebdo introuvable même au petit matin, j'achète Libération.

Je lis avec intérêt deux articles. D'abord, le témoignage de Philippe Lançon, rescapé de la tuerie de Charlie la semaine dernière et grièvement blessé. Philippe Lançon, journaliste à Charlie et à Libération, dont la profession de foi me touche :

"Il faut que nous puissions tous rire et informer de nouveau et plus que jamais pour eux, à Libération comme à Charlie, loin des pouvoirs et de leurs excès".

Puis page 34, je parcours le portrait du cinéaste allemand Fatih Akin dont j'aime beaucoup le film "De l'autre côté". Son dernier long métrage "The Cut" sort au cinéma. Un film sur le génocide arménien de 1915. Le réalisateur raconte :

"Ce film, je l'ai d'abord fait pour les Turcs. je voulais créer de l'empathie, bâtir un pont. (...) Ce n'est pas une question de culpabilité, c'est une question de responsabilité. Avant en tant que turco-allemand, je me disais "l'Holocauste n'est pas mon crime. J'ai mon propre génocide à affronter". Aujourd'hui, je me dis que l'Holocauste comme le génocide arménien sont de notre responsabilité à tous. Pas en tant que Turcs ou Allemands, en tant qu'humains".

Et je songe : quel bonheur d'avoir acheté le journal ce matin, même si je ne lis pas tout, même si je ne retiens que ces deux articles ! Le papier crée du lien entre nous, du lien qui nous aide à vivre et à continuer le combat.