Longtemps, j'ai eu un magnolia dans mon jardin

Longtemps, j'ai eu un magnolia dans mon jardin. Son fleurissement m'annonçait avril et la date anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Il y a vingt et un ans, le 6 avril, l'avion du président rwandais était abattu, marquant le coup d'envoi des massacres perpétrés pendant trois mois dans ce minuscule pays de l'Afrique des Grands Lacs. Plus de 800 000 morts. Hommes, femmes, enfants tués, traqués, chassés, abattus en cent jours.

Aujourd'hui 8 avril, la ville est pleine de magnolias en fleurs et paraît, aux éditions Thierry Magnier, La Mémoire en blanc, dans lequel j'évoque cet épisode terrible de l'Histoire. Ce roman est le second livre que que ce génocide m'inspire. En 2008, les éditions du Rouergue avait publié Bienvenue à Goma, roman écrit à partir de ma propre expérience. Un moment très court de ma vie, mais indélébile. Au mois d'août 1994, peu de temps après la fin du génocide, j'ai travaillé pendant quelques semaines pour une ONG à Goma en République démocratique du Congo, à la frontière du Rwanda, où s'étaient entassés dans des camps de réfugiés des centaines de milliers de Rwandais.

Dans La mémoire en blanc, Léonie, une jeune danseuse de 20 ans qui a grandi à Lyon, découvre ses origines rwandaises et, par la même, ce pays qu'elle ne connaissait pas. Ce qui m'intéressait de raconter, à travers le destin de Léonie, c'est comment ce qui s'est produit en 1994 au Rwanda continue de vivre à des milliers de kilomètres de Kigali en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, dans toute l'Europe. L'Histoire continue d'avoir des répercussions dans la vie des gens, longtemps après qu'ils se sont passés et même très loin de l'épicentre de l'évenement. 

Ce qui s'est passé en 1994 au Rwanda me concerne. D'abord comme être humain révulsé par des actes commis par d'autres êtres humains. Ensuite comme citoyenne française. Mon pays a été très présent au Rwanda dans les années qui ont précédé le génocide puis pendant le génocide. Il a soutenu un gouvernement de plus en plus radicalisé, l'a conseillé, assisté, armé. Son implication initiée par quelques hommes à la tête de l'Etat français reste un tabou. A lire à ce propos dans le journal Libération, le tribune titrée "Silence français sur le génocide au Rwanda".

Comments

[Anonyme]

J'ai lu le livre et je le trouve très intéressant même si il faut quelques chapitres d'adaptation pour bien comprendre l'histoire.

[Anonyme]

Je n'ai pas encore lu "la mémoire en blanc" mais j'ai hâte de l'acheter.

La vidéo représente très bien le résumé du livre!