Plus je caramélise, plus j'existe
Les canadairs rôdent au-dessus de ma tête.
Ils ronflent et grognent. Le bruit de leur carcasse essoufflée provoque une peine les stridulations des cigales.
Allongée sous le pin parasol, je les observe tournoyer de l'autre côté de la colline, dans un ciel impeccable et brûlant.
Le soleil flamboie, très haut et très blanc, de l'or incandescent.
Je sens ses rayons insister sur mes pieds, mes genoux. J'aime quand le soleil cuit la peau.
Un instant, j'ai ce drôle de sentiment que mon épiderme se décolle et s'enroule en copeaux.
Etrangement, je me sens glacée dans l'atmosphère chargée d'UV.
Puis, je passe la main sur mon dos, mes doigts effacent le froid pour ne retenir que la sensation de ma peau chaude.
Je sens que je tiens en un seul morceau, compacte, entière, vivante.
Plus je caramélise, plus j'existe, une braise.
(Dans la peau des arbres, chapitre 1, 2006)