"PARTIR" au bord du lac Léman
Lundi 11 mars, 11H30. Un ciel anthracite et une averse de neige m'accueillent au bord du lac Léman. Des semaines que j'attends ce rendez-vous organisé par les deux documentalistes du lycée hôtellier de Thonon-les-Bains, Laurence Curdy et Marité Chavanne. Elles ont imaginé un gros projet transversal autour d'un de mes livres. Elles ont proposé à deux de leurs collègues, Nicole Daviet, prof de français/histoire-géo et Anne-Julie Longa, prof d'arts plastiques, de faire lire mon reccueil de nouvelles "PARTIR" (Editions Thierry Magnier) à leurs élèves et de travailler sur ces textes, notamment pour certains d'entre eux avec l'illustratrice Elodie Balandras.
Je suis venue à Thonon pour la restitution de ce travail.
Dans un premier temps, ce sont les élèves de seconde qui ouvrent la danse. Ils ont prévu avec Elodie une performance : la réalisation d'une fresque en temps limité devant moi et devant les autres élèves. Ils se sont penchés en particulier sur trois de mes nouvelles : "Les petits voisins de Lulu", "La fleur de mes parents" et "Tu ne sais rien de ma vie". Ces trois histoires portent chacune en elle des échos des autres. Elles ont en commun d'évoquer une famille laotienne installée en bord de Saône.
Je suis bluffée par le sérieux et l'investissement des élèves qui sont vraiment à ce qu'ils font. Leur domaine, c'est plutôt le service, la cuisine, l'hôtellerie et pas le dessin. Mais ils s'appliquent et le résultat est plutôt étonnant : j'ai l'impression qu'ils représentent ce qu'il y avait dans ma tête avant de commencer à écrire.
Ensuite, un autre groupe : celui des valises ! Ils se sont emparés par petits groupes de valises vintage plus ou moins grosses et viennent me les présenter : chacune contient des dessins et des objets qui illustrent une de mes histoires. J'avoue être troublée. Tout ce travail autour de mes nouvelles est émouvant. Je dois deviner les titres des textes illustrés et voilà que j'ai oublié tous leurs titres. Les élèves doivent se demander si c'est bien moi qui ai écrit ces histoires !
Puis Amélie et Lilian présentent les affiches que leur classe de Terminale CAP Pâtisserie et Hôtel Café Restaurant a réalisé autour des réalités historiques, géographiques ou culturelles de mes nouvelles.
Des statistiques ont même été réalisées dans la classe : qui préfère quoi ? Une nouvelle arrive en tête largement devant les autres et ce n'est pas celle à laquelle j'e pensais.
Après, c'est le moment des questions. Ils en ont plein et le temps passe vite, si vite que je m'étonne que ce soit déjà fini.
Enfin, on passe aux dédicaces. Il y a foule. Laurence Curdy et Marité ont tenu à ce que chacun achète son exemplaire pour se sentir concerné de près par le projet. Et la plupart viennent en effet chercher une signature de ma part.
Il est presque 17 heures quand je quitte le lycée. Dehors, j'ai hâte de rejoindre le lac Léman. Dégradés de bleus, de gris. Lumière fluorescente, rouleau blanc tout au fond, bonnets orange sur les têtes de jeunes touristes en trotinette, maisons magnifiques et un peu inquiétantes. Quelques rayons de soleil lèchent son côté suisse de l'autre côté. Une dame me souffle : ici, le lac, c'est un spectacle vivant qui change constamment. Je pense à Antingone, Tatiana, Albania, Paulin, Ruveyda, Julie, Kaissane et leurs profs.