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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
14 mai 2008

BLOG DE LA SFL, 14 MAI 2008

 

Elsa, 18 ans, veut devenir journaliste, ou plus exactement photo-reporter. Pour ce faire, elle effectue un stage dans une station de radio. Nous sommes en 1994, année du génocide au Rwanda. Elsa réussit à se faire envoyer là-bas. Elle y connaîtra l’horreur et y apprendra son métier.

Alors oui, ce livre traite du massacre rwandais, mais par le biais d’un apprentissage professionnel (le métier de journaliste), ce qui donne un éclairage tout à fait nouveau à l’Histoire. En effet, pas d’exposé chronologique ou de narration de faits historiques comme on pourrait en trouver dans un manuel scolaire, mais pas non plus de fiction classique avec le suivi d’une famille Hutu et (ou) Tutsi à laquelle on s’attacherait avant le cruel massacre.

Avec une héroïne journaliste au cœur de l’action, Isabelle Collombat nous plonge directement dans le génocide, elle nous donne à voir les scènes insoutenables sans détour, sans préparation, sans attachement particulier à telle ou telle personne. La cruauté nous saute à la figure en toute objectivité, concrétisée justement par l’objectif de l’appareil photo d’Elsa. Existent aussi les informations politiques et historiques indispensables à la compréhension du génocide, mais qui, reléguées au simple plan d’infos journalistiques, vont faire acte de vérité car puisées sur le terrain. On apprend ainsi que l’armée française n’a pas fait que de l’humanitaire au Rwanda, que le gouvernement français a armé les génocidaires, que depuis De Gaulle la France aide certains dictateurs africains à rester en place…

Ce livre nous apprend beaucoup sur le métier de journaliste, sur la façon de prendre du recul face à l’horreur (par exemple en organisant des fêtes dans les hôtels), ou comment se protéger, se désengager sentimentalement  (en se disant que dans quelques jours on ne sera plus là), même si bien sûr l’émotion personnelle existe et peut vous submerger.

Même si l’on ne connaît pas Isabelle Collombat, on devine très vite que ce récit est autobiographique tant il est humain et semble avoir été écrit « avec les tripes », avec une sincère innocence qui ne peut provenir que de souvenirs personnels sans interaction avec une documentation extérieure.

Un livre qui peut se lire comme un guide d’apprentissage du métier de journaliste avec ses dangers, son désir de vérité pas toujours facile à respecter et son humanité.

Catherine Brosse

Isabelle Collombat, Bienvenue à Goma (Le Rouergue, 2008) – pour adolescents.

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