2010 : Epatons-nous !

Cette année 2010 a commencé en fanfare, en éblouissements. J'aime ça, être épatée. Et depuis le 1er janvier, j'ai reçu quelques pépites qui me mettent en joie.

Il y a ce dessin de Barbara intitulé "un match" qui me fait rire, jubiler. Il faudrait pouvoir garder cette fraîcheur, ces couleurs de l'enfance, cette énergie tonitruante.

Il y a le film de Lioret, Welcome, que j'ai découvert avec des semaines de retard comme d'habitude (j'ai aussi vu Avatar de James Cameron et là j'ose dire que j'étais parmi les premières spectatrices). Ce n'est pas très original, mais j'ai beaucoup aimé, encore plus que "Je vais bien, ne t'en fais pas" que j'ai évoqué ici même. Ce film est d'une grande simplicité dans son récit, d'une grande retenue aussi et d'une telle profondeur. Lioret ne s'épanche pas, il cherche à savoir ce qui nous fait tenir debout, ce qui nous pousse à nous dépasser, à vivre tout simplement. Ce cinéma-là a le don de nous élever, de nous stimuler.

Il y a le livre de Léonora Miano, Les aubes écarlates dont j'ai récupéré l'exemplaire que j'avais prêté. J'ai retrouvé mon livre corné, sale, abîmé, mais j'étais si heureuse de pouvoir le poser sur mon bureau. Je ne sais pas si j'éprouverais le même genre d'émotion avec un ebook. J'aime la sensation du carton, du papier... même malmenés. En l'occurrence, s'il a vécu, c'est que mon livre a été apprécié. Les livres de Léonora Miano ne se lisent pas facilement, ils ne sont pas commodes et ils ne ménagent pas leurs lecteurs. Je n'en ai manqué aucun et ils comptent beaucoup pour moi. Chacun d'entre eux a longtemps résonné en moi longtemps et leur écho ne s'éteint pas. Il y question de l'Afrique, même si Léonora Miano s'invente des lieux, des noms qui n'existent pas sur le planisphère. Et, de nous, occidentaux, de notre rapport à ce continent dont nous avons pillé les êtres humains:

"De ces peuples, il était tant de savoir autre chose que le rire aux éclats... Il était temps de connaître leur âme blessée, de fraterniser suffisamment avec eux." (page 159)

Léonora Miano était, cet automne, la présidente du festival de Mouans-Sartoux dont le thème était "voir, entendre la fureur du monde". Le regard de Léonora Miano est rare et précieux. Sa voix est singulière. Je retiens cette autre phrase de son dernier roman page 180 :

"Jamais plus elle ne tournerait le dos

au destin des autres

pour se tirer d'affaire"

L'écriture de Léonora Miano m'épate, même si je la trouve parfois difficile d'accès. Il faut s'accrocher aux mots et à ce qu'ils relatent, même l'insoutenable.

En 2010, j'espère aussi pouvoir épater les autres par mon travail.

D'ici là, je vous souhaite une belle et heureuse année. Évidemment, nous ne savons tous, nos années ne seront jamais belles et heureuses d'un bout à l'autre, mais glanons les beaux moments et épatons-nous les uns les autres !