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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
29 janvier 2010

Le Rwanda au coeur de tout, même en Haïti

Émission hier à la télévision pour parler des écrivains haïtiens. On parle de ce pays où les artistes sont si nombreux, poètes, peintres, cinéastes, conteurs, chanteurs et voilà qu'au détour d'une phrase de l'écrivain Dany Laferrière, le Rwanda surgit.

"Il y a quelque chose de neuf qui s'est produit, remarque l'artiste. Pour la première fois, Haïti est entré au coeur de l'occident." Jamais, dit en substance l'auteur haïtien, un peuple du Tiers Monde n'avait pénétré à ce point la vie, l'intimité des pays occidentaux. Même le génocide au Rwanda n'a pas réussi à concerner les gens en Occident. "Est-ce que l'horreur a été trop intense ?" Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ainsi. Les gens n'arrivaient pas à décoder.

Autour de Laferrière, d'autres voix disent qu'il y a eu des oeuvres littéraires écrites après le 11 septembre et qu'il faudra qu'il y ait aussi des récits d'après tremblement de terre en Haïti.

Dany Laferrière ne sait pas s'il écrira sur cette tragédie. Il explique qu'il s'intéresse d'habitude aux choses qui ne se voient pas et que l'événement est trop grand pour lui.

La conversation se poursuit et le Rwanda revient dans la bouche de l'artiste Yves Simon. Il dit : Je crois qu'on est, nous les écrivains, les gens qui savent le mieux travailler contre l'oubli. Il faudra que nous allions en Haïti. Pas tout de suite. Plus tard. Moi, en 2000, j'ai été à Kigali avec d'autres écrivains. Les gens disaient, même plusieurs années après le génocide : "pensez à nous, ne nous oubliez pas !"

Yves Simon ne le dit pas là à la télé, mais les écrivains étaient essentiellement noirs et africains au Rwanda en 2000.

La barbarie humaine est un sujet moins consensuel.

Et comme l'a dit ce midi à la radio, Lyonel Trouillot, un autre écrivain haïtien qui vient d'arriver en France pour le week-end, un tremblement de terre, c'est la nature. On ne peut en vouloir à personne. Il n'y a pas d'ennemi.

Le génocide des Tutsi au Rwanda, c'est un drame d'un autre genre, incomparable évidemment. On peut en vouloir à des gens, à des idéologues, à des États, à des politiques. N'empêche, il n'est pas étonnant que le Rwanda surgisse là où on ne l'attend pas. Il est une tâche sur nos consciences, un événement collant qu'on peut faire mine d'ignorer, presque seize ans plus tard, mais qui reste là.

Il faudra écrire sur Haïti.

Il faudra écrire sur le Rwanda.

Continuer à mettre des mots sur ce qu'est l'Humanité,

insupportable et magnifique.

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