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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
11 février 2010

G comme...

GLAMOUR_DE1comme Grève !

Grève du travail, grève du vote, grève de l’amour, grève du sexe, grève des ventres.

Ce matin, je fais la grève de la radio. J'en ai assez des vérités qu'on y assène, je ne supporte plus qu'on me dise ce que je dois faire, penser, croire, manger, boire, aimer. C'est mon coup de gueule du jour. J'aime beaucoup la radio. Elle fait partie de mon quotidien. Elle est ma fenêtre sur le monde... quand elle ne se transforme pas comme aujourd'hui en Pravda, c’est-à-dire un organe d’information qui ne délivre plus qu’une seule vision du monde. Journée complète Elisabeth Badinter sur France Inter. Traduisez « journée de promotion Elisabeth Badinter » aujourd’hui sur France Inter » comme il y a des journées Promotion sur le poisson à l’hypermarché du coin. La radio comme porte-voix. C'est ce qui suinte de mon poste. France Inter ne consacre pas une journée aux femmes, mais à une seule d’entre elles. Comme on dit chez les journalistes, « on lui sert la soupe ».

glamourcomme GRIMACES. J’écoute la radio et je fais la grimace. J’ai les dents qui grincent. Sous couvert de donner la parole à tout le monde, on fait des reportages avec comme d'habitude des "pour" et des "contre", ceux qui pensent "blanc" et ceux qui pensent "noir". Ils appellent ça « l’objectivité ». Mais c’est un masque car l’opinion qui gagne, en filigrane, est celle de Badinter qui apparaît alors toujours plus subtile, intelligente, pertinente que les autres. Et, ça, ce n’est pas ce qui s’appelle de la subjectivité, mais du martèlement.

Ecouter la radio nuit parfois GRAVEMENT à votre santé mentale.

La philosophe a, donc, sorti un nouveau livre. La presse en est remplie depuis quelques jours. On nous dit que la féministe se bat contre les réactionnaires qui ne cessent de culpabiliser les femmes. Difficile d’être contre. Le sentiment de culpabilité, nous sommes nombreuses à le ressentir. Comme me le faisait remarquer, mardi, une jeune femme, « on nous reprochera toujours quelque chose et les premiers à le faire, ce sont nos enfants. Je le sais. J’ai pris le parti d’être bien dans mes baskets pour être, ensuite, bien avec eux. »

La maternité, les liens qui nous unissent entre parents et enfants, mère et enfants. C’est un sujet qui me touche particulièrement. Il apparaît dans chacun de mes livres. Géraldine (Dans la peau des arbres) n'en peut plus de sa mère avec qui elle ne peut pas parler. Elsa s'est affranchie de la sienne (bienvenue à Goma). Lia s'interroge sur la sienne (Quand mon frère reviendra). Mes héros adolescents n’ont pas de mère parfaite, ils grandissent malgré elles ou à cause d’elles, indépendamment d’elles. Mes mères à moi sont fragiles, tourmentées, effacées, toutes puissantes, énervantes.

Le féminisme, l’indépendance des femmes, l’égalité avec les hommes sont aussi des thèmes très importants pour moi. Les filles d’aujourd’hui n’en savent pas grand-chose. Elles ignorent souvent qu’elles doivent se battre pour s’accomplir.

Mon propos n’est donc pas de réagir contre Elisabeth Badinter, même si sa vision des choses me semble sèche et autoritaire, parfois même extrémiste, voire un peu méprisante vis-à-vis des femmes. Etre mère, devenir mère, c’est compliqué aujourd’hui dans nos sociétés. Si le titre du livre de la philosophe, Le conflit la femme et la mère, est assez juste, il me semble aussi que les femmes ont besoin que le regard qu’on pose sur elles soit plus tolérant, plus nuancé.

Se battre contre l’allaitement, par exemple… c’est être un peu déphasé avec le monde qui nous entoure. En France, les femmes allaitent souvent moins qu’ailleurs. Autour de moi, les femmes me disent souvent qu’elles n’ont pas eu assez de lait pour leur bébé (d'ailleurs, c'est fou le nombre de femmes qui n'ont pas assez de lait, quand j'y songe! ), qu’elles ont dû reprendre leur travail, qu’elles se sentaient mal à l’aise avec cette idée d’allaiter, qu’elles n’osaient pas le faire en public, ou même en famille, ou avec leurs amis. Les femmes qui allaitent plus de 4 mois ne sont pas majoritaires. Alors, pourquoi Elisabeth Badinter évoque-t-elle l’allaitement des bébés jusqu’à deux ans ? Est-ce ça le vrai combat des femmes ? Ou Elisabeth Badinter ne s’adresse-t-elle qu’à certaines femmes ? Pour moi, il y a vraiment un écart entre la réalité de la philosophe et la réalité que vivent les femmes.

Mais ce que je ne supporte surtout pas, c’est l’univocité de ma radio qui met en avant un point de vue, une réflexion comme s’il s’agissait d’un dogme à adopter. Et la réflexion de la philosophe devient un nouveau Diktat qui s’abat sur les femmes.

Alors, oui, G comme GROGNONNE… C'est mon humeur du jour, même si le politiquement correct imposerait de me taire.

Tout  l’heure, j’en ai eu assez qu’on ma tape sur le crâne pour m’y enfoncer toutes les vérités d’Elisabeth Badinter. A 8H30, après avoir allumé ma radio à 6 heures, j’ai préféré le silence de ma cuisine où je ne prépare pas le repas, mais où j’écris et je travaille quand je ne vais pas à mon bureau parce qu’un de mes enfants est malade. Un asservissement ? 

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Commentaires
P
Pour info, il n'y a pas de mères qui n'ont pas assez de lait, mais beaucoup qui sont mal accompagnées et qui croient des choses fausses. L'allaitement répond à la loi de l'offre et de la demande : si bébé tète, le sein fabrique du lait. Si on ne fait pas téter le bébé lorsqu'il le demande, la lactation ne suit plus le rythme. <br /> Les femmes pensent ne plus avoir de lait lors des pics de croissance ou lorsque la lactation passe en mode "automatique" (le sein arrête de stocker pour produire en flux tendu). Mais ça les professionnels de santé ne le savent pas car ils sont très mal formés. Et les allaitantes "au long cours" comme elles se nomment elles-même, se battent contre cette désinformation.<br /> <br /> Je partage votre point de vue sur la culpabilité, l'allaitement n'est qu'un exemple de toute la culpabilité que les jeunes mamans ressentent, de ne pas savoir faire "ce qu'il faut faire", tellement elles sont noyées par les discours psy qui innondent les médias... :-/
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T
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