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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
7 février 2011

L'hiver la plage les livres

arcachonVoilà, je suis rentrée de mon périple en Aquitaine. Quasiment dix heures de voyage au retour.arcachon1

J'en ai plein les mirettes. Du sable, des mouettes, des regards d'ados, des sourires, des paroles échangées, des idées, des envies, des rencontres.  Il me faut toujours un peu de temps pour m'en remettre.

Récit de ces quatre derniers jours.


Jeudi 3 février, Arcachon, collège Marie Bartette, il n'est pas huit heures et il fait encore nuit. IMG_3248Environnement incroyable pour cet établissement, à la fois à la ville et en pleine nature. L'air est doux. Mais vigipirate m'accueille au milieu des pins. Je décline identité, qualité. N'empêche, une prof de sport me prend pour une mère d'élève. J'atterris finalement dans la salle des profs. Des masques trônent au-dessus des casiers des enseignants. Je les photographie pour passer le temps. L'enseignante de français qui me reçoit dans sa classe finit par débouler. Elle m'annonce que sa classe de 5ème se résume ce matin à cinq élèves. Le reste de la classe est parti en excursion. Je ne peux pas m'empêcher de penser que cinq élèves, c'est peu, quand on accueille quelqu'un qui vient de loin comme moi, mais je garde ma bonne humeur, je suis le mouvement des élèves sages et dociles entre le CDI et la classe. J'ignore pourquoi ils n'ont pas eu le droit au voyage en Dordogne.masque_1

masques_2

Je l'avoue, je crains le pire. Je n'ai jamais rencontré des lecteurs aussi jeunmasques_3es. Je ne suis pas sûre que mes livres soient bien adaptés à leur jeune âge. La prof leur a donné mes romans qu'ils se sont eux-mêmes partagés. Ils commencent à me poser des questions et je réalise que mes livres ne les ont pas trop déroutés. Notre conversation dure une heure sans interruption. Je m'aperçois qu'ils se sont bien débrouillés avec mes romans. Ils sont curieux, attentifs, concentrés. Je réponds au feu nourri de leurs questions. Parmi eux, Yan a a adoré «Bienvenue à Goma». Je sursaute. Il sourit, un sourire large et franc. Il m'interroge aussitôt :

carte- Avez-vous été émue en l'écrivant ?

- Oui, à certains moments, je reconnais. Et toi ? As-tu été touché en le lisant ?

- Oui, j'ai été choqué parfois, parce que ce qui se passe est choquant et tellement différent de ce que nous vivons.

J'apprends plus tard que Yan n'est pas un des grands lecteurs de cette classe qui étudie « Tristan et Yseult » et que

 « Bienvenue à Goma »

est le deuxième livre

qu'il aime de toute sa vie.

Yan a 13 ans.

 


La Teste de Buch, Collège Henri Dheurle. Une grillage, le drapeau tricolore et une plaque aux la_testerésistants de la 2ème Guerre Mondiale avec le portrait de Jean Moulin. J'ai cinq rencontres dans cet établissement dans des classes de 5ème, 6ème et 3ème. Regard clair, la documentaliste est une femme charmante. Elle me montre  le portrait que les élèves ont brossé de moi. Sur le dessin, j'ai un œil fermé ! La documentaliste  fait partie du comité de sélection du Prix des Incorruptibles. Elle me confie, avec enthousiasme, qu'elle a apprécié «Quand mon frère reviendra». Son sourire me fait du bien. Puis, elle me prévient  : vous allez rencontrez de tout jeunes élèves. J'appréhende un peu.

Dans la première classe, des 6èmes, on se serre un peu. Ils sont nombreux et n'arrêtent de lever le doigt pour poser leurs questions. Leur énergie me porte. Deux questions reviennent. Je les entendrai plus tard encore :

- Pourquoi écrivez-vous des histoires tristes ?

IMG_3258J'essaie de les convaincre du contraire. On parle des « happy end » et des contes de fées, de la vie qui est tout à la fois, composée de moments heureux et d'autres qui le sont moins.

- Quand devient-on officiellement écrivain ?

Question dure. Je m'embrouille, je bafouille, je ne sais pas s'ils comprennent mes hésitations. dans_la_peau

Puis, quand l'heure est presque finie, ils me montrent des scènettes qu'ils ont tirées de mes livres et qu'ils ont mis en scène. Ils sont mignons, enthousiastes. Je leur souhaite de rester ainsi.

Pause déjeuner.

skateJe reviens au collège l'après-midi. Même alternance, 6ème, 5ème. Je ne m'en fais plus des montagnes. Les élèves ne sont pas trop timides. Je compare la littérature et la cuisine, l'écriture et les abdos. Ils sourient, ils tendent le bras sans jamais le baisser, impatients de lire la question qu'ils ont écrites ou de rebondir sur ce que je viens de dire. Une jeune fille souffle :

- Madame, c'est trop beau ce que vous dites !

Je tente  de faire défiler  le film en arrière pour comprendre ce qui a bien pu la toucher. Je la questionne. Elle fait un mouvement du bras.

- Tout !

Elle est émouvante, rigolote.

Plus tard, je descends au CDI pour ma dernière rencontre de la journée. Je fatigue un peu, mais les élèves sont charmants. L'une me confie que l'histoire de Quand mon frère reviendra, c'est son histoire. Une autre certifie que tout ce que je dis est véridique. Elle écrit elle-même et a déjà vécu, éprouvé tout ce dont j'ai parlé.

Dans les couloirs, une prof me confie que les enfants de sixième ne sont pas toujours à l'aise avec les sentiments. Il préfère à la réalité des mondes imaginaires.

Le lendemain, changement de style. Je passe aux troisièmes.arcachon4

sur_la_dune_2D'ici là, virée sur la dune du Pyla, la plus haute dune d'Europe, entre chiens et loups, nous apercevons des chevreuils. Je m'essouffle dans la montée, je suspends ma respiration tout en haut où tout est si beau, entre mer et forêt, je traîne derrière mes compagnons qui s'envolent dans la descente.


Vendredi 4 février, La Teste de Buch, 9 heures. Il faut que je parle de cette ville qui touche Arcachon, une enfilade de villas, de maisons, de lotissements, c'est en tout cas ce que je devine depuis la fenêtre de la voiture. Arcachon, 11 000 habitants et une agglomération urbanisée où s'agglutinent tous ceux qui ne peuvent pas forcément habiter une des jolies bicoques d'Arcachon, mais qui veulent leur bout de terre, un coin de paradis sur terre.IMG_3259

Au collège Henri Dheule, les troisièmes n'ont plus la spontanéité des « petits » sixièmes. Ils ne se précipitent plus pour lever le doigt, ils marquent des silences, ont-ils déjà les masques d'une existence où il est de bon ton de ne pas montrer ses sentiments ?

La première classe participe au Prix des Incorruptibles. Elle a travaillé « Quand mon frère reviendra » et ça se sent. La seconde ne participe pas, mais n'est pas en reste dans les questions.


Parentis-en-Born, au collège Saint-Exupéry, 14 heures. Le temps d'une rencontre, j'ai quitté la Gironde pour les Landes. L'établissement est tout à la fois : collège, lycée, lycée professionnel. C'est une cité, une concentration de jeunes, d'ados, d'adultes. Le bâtiment est grand, impressionnant. Je retrouve une classe de troisième au CDI où là-aussi, l'accueil est chaleureux. Les élèves ont lu, c'est une récompense pour moi, un respect partagé. A a fin de la rencontre, la documentaliste remercie les élèves pour la qualité de leur attention et pour leur travail. J'ai envie de la remercier de les remercier. Elle m'offre une crêpe au sucre. Fin de mes interventions. J'ai toujours très faim après chaque rencontre. Je me sens vidée !


arcachon3Arcachon, Samedi 5  et dimanche 6 février. J'ai trouvé ma place dans le salon qui se tient au palais des Congrès. Je suis assise entre Carole Chaix et Jean-Luc Coudray. Je ne pouvais pas tomber mieux. Leur piedscompagnie est très agréable et le temps passe vite, vite, jusqu'au soir et jusqu'au lendemain.

Nous avons la plage dans le dos et quand nous tournons la tête, le paysage est magnifique. arcachon2

Discussions entre auteurs, illustrateurs, lecteurs, dessinateurs de BD, lecteurs et organisateurs. Je repars chez moi, l'esprit joyeux, riches de rencontres, curieuses de nouvelles expérimentations. Je ne regrette pas d'être venue jusqu'ici. Les élèves ont lu mes livres, les profs ont préparé ma venue, le salon a été très chaleureux... Que demander de plus ?




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