Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
15 février 2011

Et ils eurent beaucoup d'enfants...

Photo_003Mardi 15 février, aujourd'hui, j'avais rendez-vous à Marseille, au collège de l'Estaque. A lui seul, pour moi, ce nom est une invitation au voyage. L'Estaque, son port, ses pêcheurs, village-quartier entre mer et colline du nord-ouest de Marseille la tentaculaire. Je pense à Guédiguian, le réalisateur de nombreux films dont Le voyage en Arménie que j'aime tant.

Au collège de l'Estaque, les élèves de troisième que je rencontre sont contents de me recevoir, je le sens tout suite. La lecture n'est pourtant pas leur fort. Ce n'est pas qu'ils ne savent pas lire, mais ils n'ont pas spécialement le goût des livres. C'est justement pour cette raison qu'Aude, leur prof de français, et Lucie, la documentaliste, les ont inscrits au Prix des Incorruptibles. Elles ont bloqué cinq jours pour leur lire mon livre « Quand mon frère reviendra » à haute voix.

Visiblement, l'histoire leur a plu. Mais quand ils sont arrivés à la fin, ils ont tiqué. Pourquoi cette fin ? Ils n 'ont pas cessé de me poser la question sous une forme ou sous une autre. Il faut leur expliquer pourquoi les "happy end" ne sont pas forcément ma spécialité, même si je ne refuse pas par principe l'idée d'une fin 100% heureuse, pourquoi j'aime que la fin ne soit pas cadenassée. Bref, je de leur faire comprendre mes intentions à défaut de les convaincre.

Un garçon reconnaît :

- On aime bien quand à la fin d'une histoire, tout le monde est content autour d'un gâteau au chocolat, lance-t-il en riant. Dans votre livre, ça ne se passe pas comme ça.

Une autre ajoute :

- Oui, votre livre ne finit ni bien, ni mal !

Je réfléchis à haute voix :

- mon livre aurait très bien pu finir autrement, c'est vrai. Mais j'ai choisi cette fin car tout est encore possible à la fin. Apparemment, on recommence à zéro, mais, en réalité, ni Lia ni Phil ne sont les mêmes : il s'est passé quelque chose pour eux, enfin surtout pour Lia.

La sonnerie du collège a déjà retenti depuis plusieurs minutes. Il n'y a eu aucun temps mort et les questions continuent encore. Les élèves ne veulent pas partir. Ils continuent à s'interroger au-delà des questions imprimées sur le papier. Le prof de SVT débarque au CDI, interloqué. Comment va-t-il réussir à faire le cours à ses élèves qui me quittent avec regret ? Comme moi, d'ailleurs. J'ai passé un bon moment avec eux.

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Désolé de ma méprise, Isabelle. J'ai, de toute évidence, mal interprété le sens d'une phrase extraite de votre réponse aux lycéens. "J'ai choisi cette fin car tout est encore possible à la fin". "Mon livre aurait très bien pu finir autrement, c'est vrai".<br /> <br /> J'ai tout naturellement compris cette réponse comme une porte ouverte sur le futur. Je l'ai sans doute tirée, sollicitée, orientée vers l'attente d'un certain nombre de lecteurs, dont je suis, auxquels votre choix laisse une pointe de déception.<br /> <br /> Mon hypothèse, en somme, n'était qu'un ballon d'essai. Une espèce de suggestion ou de pari sur l'avenir. Sans aucune prétention de clarification de votre roman.
Répondre
I
Permettez-moi, Gaétan, de ne pas être d'accord avec vous. Je ne crois pas que mon roman finisse en point de suspension. Il raconte un épisode de la vie d'une jeune fille. A la fin de l'histoire, Lia a changé, elle en sait plus sur elle-même, sur l'orientation qu'elle souhaite donner à sa vie. De son point de vue, l'horizon s'est dégagé. Certes, le bonheur n'est pas cette chose lisse, dénuée de douleurs, de tristesse. Quant au reste, oui, le temps qui passe n'empêche pas de rêver !
Répondre
S
J'aime beaucoup cette franchise impertinente de vos jeunes interlocuteurs. Ils attendaient une "happy end" de votre roman "Quand mon frère reviendra". Ils n'hésitent pas à demander pourquoi vous les privez de cet instant de bonheur.<br /> <br /> J'avoue avoir éprouvé, moi-même, cette déception. <br /> Réflexion faite, je me suis dit que l'auteur, qui finit son ouvrage en points de suspension, a sans doute une idée derrière la tête. Il se pourrait qu'un jour on retrouve, sous sa plume, les principaux protagonistes de cette histoire de fratrie. Dans les aventures d'un dialogue retrouvé, parfois tendu ou écorché vif, mais souvent apaisé, voire nostalgique. <br /> <br /> On a bien le droit de rêver à tout âge. Vous ne trouvez pas ?
Répondre
Publicité