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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
18 juin 2015

Correspondance, réponse à M.

Reçu il y a quinze jours ce nouveau mail de M., jeune fille rencontrée dans un établissement scolaire où j'étais invitée :

"Bonjour Mme Collombat !

(...)
J'avais une question à vous poser :

Est-ce normal

que les histoires que j'invente

restent dans ma tête

et que, dès que je veux les mettre sur papier,

j'ai la flemme ?


Bien à vous
M."

J'ai décidé d'y répondre ici pour toi, M., et pour tous ceux qui liront ce post.

" Chère M.,

je ne sais pas si c'est normal. D'ailleurs, je ne sais pas trop ce qui est en normal en général. Je ne dispose pas de ce genre de savoir-là. En revanche, je peux te dire que tu n'es pas la seule et ça, c'est déjà pas mal. C'est d'ailleurs bien, notamment, pour cette raison qu'on écrit et qu'on lit pour se dire qu'on n'est pas seuls au monde, qu'on est au moins deux : l'auteur et le lecteur.

En lisant ta lettre, M., j'ai songé que nous avions le même problème que tu qualifies de "flemme". Personnellement, je dirais qu'il s'agit d'un décalage, d'un problème de fuseau horaire, de changement de planète.

C'est un moment précis où il faut transformer le monde qui est déjà né dans son imagination, ça crépite, ça trépigne et ça s'enflamme, en une suite de mots qui sera plus tard une histoire. Je ne sais pas si c'est ce qui t'arrive, mais chez moi, tout se contracte à cet instant-là et le découragement me prend. Les phrases qui se forment me vont bien au début, mais très vite, mon texte est très en deça de l'histoire qui excite déjà mes sens, ma réflexion, mon imagination.

A ce jour, je n'ai trouvé qu'une solution. Je m'accroche. Je veux et exige de moi-même d'aller plus loin, de sauter l'obstacle. Et comme ça ne suffit pas, j'ai élaboré d'autres stratagèmes. En voici deux :

- attendre, avant de commencer à me lancer dans l'écriture d'une nouvelle histoire. La laisser macérer longtemps en soi. Être au bord de l'implosion. Ne plus penser qu'à cette histoire qui galope et tambourine entre mes tempes.

- ne jamais passer une journée sans écrire. Ne serait-ce qu'un quart d'heure. Faire de l'écriture sa gym, son yoga, sa méditation quotidienne. S'y remettre est un exercice trop douloureux à chaque fois.

Ce sont mes stratagèmes. D'autres ont sûrement les mêmes. Quant à toi, M., tu devras trouver tes propres astuces, celles qui te conviennent. Ces choses qui te permettront faire toi-même de tes rêves une réalité. Il te faudra peut-être quelques jours. Mais je crois davantage que nous avons besoin de plus de temps que ça pour comprendre ce qui bat en nous, ce qui nous freine, ce qui nous retient ou qui nous emporte malgré tout. Alors, patience ! Et tu peux me croire, moi qui suis naturellement très impatiente. Le temps est souvent un allié tout compte fait, à condition de ne jamais oublier ce que nous aimons le plus au monde et ce que nous sommes.

Je t'embrasse M.

Tiens bon la barre et à bientôt !

Isabelle

 

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Commentaires
M
je vous remercie un peu tardivement de votre réponse et sachez que vos conseils m'ont été précieux M. :)
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