Femmes en résistance

"La vie a parfois des hasards étonnants", me souffle Françoise, prof de français collège de la cité scolaire internationale de Lyon, dans un mail.

Elle songe à m'écrire quand elle reçoit des nouvelles du photographe Pierre-Yves Ginet qui est venu présenter son travail à ses élèves. Pierre-Yves Ginet lui annonce la parution de son livre "Femmes en résistance".
Dans sa tête, Françoise m'associe à Pierre-Yves Ginet. Je ne connais pas cet homme, je ne sais pas comment il est dans la vie. Je n'ai pas ouvert son dernier livre, j'ai seulement aperçu des extraits, quelques textes et des photos, que Françoise m'a envoyés. Mais cela me touche.

Je sais bien que cette association de personnes dans l'esprit de Françoise, je la dois à Elsa et Lucie, les deux héroïnes de Bienvenue à Goma. Et mon roman parle aussi du métier de photographe. Les points communs sont évidents, mais spontanément j'ai d'abord été étonnée par ce rapprochement.

Femmes en résistance, j'aime ce titre, pas comme un beau titre, mais pour le flot d'images qu'il provoque dans mon imaginaire. Ce qui est bien avec les livres de photos ou avec les expos, c'est qu'ils nous obligent à fixer notre attention, à la resserrer et, en ce faisant, ils nous ouvrent l'esprit.

La femme photographiée en couverture m'émeut.

J'aime la rondeur de son sérieux, son regard sans sourire, ce qui ne veut pas dire que la femme ne peut pas être joyeuse.

L'arrondi de ses sourcils aériens, l'ovale du menton, la commissure de ses lèvres un peu sèches, la texture de sa peau.

Mais aujourd'hui, moi qui me sens dépositaire du combat des femmes, je pense à un homme.

Jean-Bosco Talla est journaliste au Cameroun. Son journal s'appelle Germinal.

Depuis plusieurs jours, il reçoit des menaces de mort.

Dans un rapport publié la semaine dernière, le CCFD évoque les "biens mal acquis" de Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982.

Dans ce rapport, le nom du journaliste apparaît.

Voici le genre de SMS que Jean-Bosco Talla reçoit.

"T'as qu'à ameuter tout le globe. Cela n'a jamais ramené Zongo ni Guy André Kieffer en vie"

Zongo était un journaliste burkinabè assassiné en 1998.

Guy André Kieffer, un journaliste franco-canadien disparu en 2004 en Côte d'Ivoire.

Les journalistes ont décidément la vie dure sur le continent africain.

Au mois de février dernier, un journaliste congolais, Bruno Ossébi, 43 ans, est mort dans des conditions mystérieuses. Quelques semaines plus tôt, ce journaliste qui avait la double nationalité française et congolaise avait été blessé dans l'incendie qui avait ravagé sa maison et tué sa femme et les deux enfants de cette dernière.

D'après la justice congolais, le responsable est un téléviseur qui a explosé dans la maison.

Ce qui est troublant, c'est qu'au moment où la maison d'Ossébi était détruite, celle d'un opposant congolais exilé en France (j'écris bien EN FRANCE) a brûlé aussi.

Benjamin Toungamani a eu la vie sauve.

Avec Bruno Ossébi, il avait pour projet de se porter partie civile dans une plainte internationale contre Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo depuis 1979, et les présidents de la Guinée Equatoriale et du Gabon voisins.

Voilà pourquoi aujourd'hui quand je vois le titre "Femmes en résistance", je pense aussi à des hommes.

Voici un texte sur le livre. Je l'ai recopié pour information.

Créée autour d’un projet commun, l’association Femmes ici et ailleurs collabore avec Pierre-Yves Ginet, photojournaliste indépendant qui travaille depuis 1998, sur la thématique des « Femmes en résistance » à travers le monde. Grâce au soutien de différents partenaires, ce travail photographique a donné naissance à l’exposition « Femmes en résistance » déjà présentée dans une dizaine de villes dont Lyon, Paris, Toulouse, Marseille, Nantes, Orléans, Blois… Peut-être avez-vous eu l’occasion de la voir. Cette exposition met en lumière, à travers des reportages réalisés dans dix-sept pays, des actions conduites de par le monde par des femmes, en matière de respect des droits humains, de solidarité, de survie... Sur ce thème, aucun-e photographe n'avait jamais poussé si loin son étude. Le livre « Femmes en résistance » paraîtra à la rentrée 2009 aux Editions Verlhac (280 pages, format 25 x 29). Il se composera de quelque 200 photographies et textes, dont nombre d’inédits. Une préface de l’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen, prix Sakharov 1994 et symbole international de la résistance aux intégrismes religieux et un entretien avec Marie-José Chombart de Lauwe, résistante de 1939-1945, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ouvriront cet ouvrage.