Four more years

Signe des temps. Barack Obama a annoncé tout à l'heure sa victoire sur Twitter. Quelques mots et une photo, celle du couple qu'il forme avec sa femme Michelle. Tout un symbole.

Soulagement ici aussi en France. La victoire d'Obama, c'est une victoire sur la peur. Croire encore que les choses peuvent changer, qu'un autre monde, moins étriqué, plus ouvert est possible. Où le collectif a encore un sens.

Je relis l'interview de Russell Banks, ce week-end dans Le Monde.

L'écrivain américain raconte une Amérique où "la classe moyenne inférieure et les ouvriers, surtout les Blancs, ont l'impression qu'ils ont perdu le contrôle de leur vie". Il décrit une société dans laquelle la capacité des individus à utiliser le langage s'est détériorée, dans laquelle les écrans nous formatent dès l'enfance et nous projettent dans un monde marchand.

Russell Banks parle de l'Amérique et je trouve qu'il parle de nous aussi, la vieille Europe si vilipendée par Mitt Romeney pendant sa campagne ("Nous ne voulons pas devenir une autre Europe").

Nos existences sont devenues des vies à haut risque où rien n'est plus certain et où le pression s'abat sur les épaules de chacun dès l'enfance. Nous sommes devenus des funambules, guettant la chute, le moindre faux pas.

Mais ce matin, la victoire d'Obama nous donne des ailes. "Yes, we can", disait-il il y a quatre ans. Nous ne faisons guère d'illusions. Mais y croire encore, plutôt que désespérer.