B.A.T. de "PARTIR"

J'ai mis deux jours à ouvrir la grande enveloppe kraft posée depuis samedi sur mon bureau. C'est l'heure du BAT. BON A TIRER. Appréhension. Pas manque de curiosité. Juste un peu de peur. C'est comme une première rencontre amoureuse. Je passe la main sur le papier marron, l'engage dans l'enveloppe, sors la liasse de feuilles. Le livre apparaît, pas complètement terminé, mais déjà bien avancé. J'ai fini de l'écrire il y a un peu plus d'un an et le voilà qui est en cours de fabrication, entre les mains d'autres que moi. Je dois relire les épreuves, approuver ou corriger des corrections. Voilà ma semaine qui commence. Sensation étrange, un peu râpeuse au fond de la gorge, de s'apercevoir que ce qui était un rêve, un récit imaginé dans ma tête est en train de devenir un véritable objet, d'exister. J'éprouve de la reconnaissance pour cette personne qui me lit, corrige en rouge ce qui doit être modifié, écrit au crayon de papier ce qu'elle suggère de changer. Je ne la connais pas. Je suppose qu'il s'agit d'une femme. Mais je me trompe peut-être. D'après ses annotations, je me dis que j'ai un indéniable problème de virgule. Ou est-ce ma respiration qui m'induit en erreur ?

Bientôt, peut-être même aujourd'hui, ou plus tard dans la semaine, je découvrirai la couverture. Une nouvelle étape. 

PARTIR sortira à la mi-avril aux éditions Thierry Magnier. Dix nouvelles, 215 pages.