La magie du théâtre

Le théâtre, c’est la magie. La vie, l’enthousiasme, les frissons, l’émotion et les larmes.  Hier soir sur les planches du théâtre de Vénissieux tout près de Lyon, j’ai beaucoup pleuré en assistant au spectacle des 93 enfants participants au projet PASSAGE. Aucune tristesse, évidemment. De la joie. Les enfants se sont, en effet, révélés particulièrement touchants. Filles, garçons, timides, exubérants, émotifs, récalcitrants, indifférents, volontaires, impatients, persévérants, ils ont tous fait la preuve devant un public composé presque exclusivement de leurs parents de leur formidable implication, de leur plein engagement dans ce qu’ils faisaient.

Depuis la rentrée, issus de deux classes de l’école Saint-Exupéry, l’une de CM2 et la seconde à double niveau CM1-CM2, et deux classes de sixième du collège Michelet (réseau réussite scolaire Jules Michelet), ils participent à un programme qui les initie à la création théâtrale. Les élèves de ces établissements situés dans le quartier des Minguettes ont assisté à des spectacles, participé à des ateliers de théâtre et de danse avec les comédiens Tommy Luminet, Muriel Coadou, Thierry Vennesson, Pauline Laidet et un metteur en scène coordinateur, Philippe Zarch. Le résultat est assez époustouflant.

La moitié des enfants ont écrit avec moi, dans le cadre d’ateliers, les sketches qu’ils ont joués sur scène hier : "Sous la forêt", « Le vœu de mes onze ans », « Dix ans et demi, on relève le défi », « Sur un arbre perché ». L’autre moitié des enfants a interprété sur les planches un texte choral intitulé « Du bruit pour couvrir le battement de nos cœurs », composé de quatre parties « Changer », « Imaginer », « Respirer » et « Grandir » que j’ai écrit spécialement pour eux.

Le spectacle d’hier soir était donc l’aboutissement d’un travail collectif effectué par les enfants et les adultes, intervenants, enseignants pendant toute l’année scolaire : plus de deux cents heures d’atelier sans compter tous ces moments que les maîtresses et les profs ont consacré au projet.

Quand j’ai rencontré les enfants la première fois, en novembre dernier, leur enthousiasme m’a surprise. Et en même temps j’ai dû me battre avec eux pour les amener à restés concentrés, pour les empêcher de se disperser, pour leur faire comprendre qu’il ne suffit pas d’aligner des mots pour faire une phrase, pour les convaincre qu’ils sont capables d’inventions, pour les persuader de croire en leurs idées, pour les amener à respecter celles des autres. Pour moi, ces ateliers ont été de vrais défis. Beaucoup de ces enfants sont en grande difficulté scolaire, notamment en ce qui concerne l’écriture et la lecture. Un certain nombre sont officiellement considérés comme dyslexiques, dysphasiques, dyspraxiques, dys quelque chose... sans compter les hyperactifs. Il semble exister une variété infinie de cas d’enfants que notre société range dans des cases. J’espère au moins que cela sert aux enfants d’être ainsi catalogués.

Je me souviens de la première fois où je leur ai fait lire les textes à haute voix. Ils étaient heureux de lire et ils voulaient recommencer, ne plus s’arrêter, malgré la récré qui avait sonné. Il a quand même fallu les arrêter. Une fois qu’ils sont partis, la prof m’a soufflé qu’ils détestaient lire en classe en temps ordinaire. Surtout devant les autres.

Hier soir en voyant les enfants sur scène et en constatant tous les efforts et tous les progrès accomplis, j’ai songé : ils peuvent être fiers d’eux et je suppose que leurs parents dans la salle le sont tout autant. J’espère que le souvenir de ce spectacle servira de socle pour grandir et devenir ce qu’ils sont vraiment.

Personnellement, je ne les oublierai. Ces ateliers constituent des moments forts dans ma vie d’écrivain. Des moments d’échange, de partage. Une source d’inspiration.

Comments

[isacollombat]

Oui, cher ou chère anonyme, fabuleuse expérience pour les enfants et pour les adultes.

[Anonyme]

Ça doit être une magnifique expérience tout ça