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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
9 mai 2015

Apprendre

Je rentre une nouvelle fois d’Allemagne et youpi : j’ai survécu à la grève des conducteurs de train de la Deutsche Bundesbahn. Je devrais rentrer à l’heure ce soir. Au début, quand j’habitais Paris, je prenais l’avion. Depuis, le réseau TGV s’est développé. J’apprécie de ne prendre désormais que le train. Six heures entre Lyon et Stuttgart : elles ne me pèsent pas. Je lis, j’écris, j’écoute, je regarde, je rêve. Je relève, d’ailleurs, dans un des magazines que j’ai emportés avec moi cette phrase prononcée par l’actrice Catherine Deneuve dans une interview :

« Je suis très favorable à ce que les enfants fassent des études. Je trouve très utile d’apprendre des choses qui ne servent à rien et qu’on n’a jamais l’occasion d’apprendre par la suite. »

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Je partage ce point de vue, à contre-courant du discours dominant qui veut, par exemple, que l’école serve à avoir plus tard un travail. L’école n’est pas là pour produire des agents économiques, mais des humains, des citoyens capables de communiquer, penser, douter, s’engager, choisir, décider.

Je me refais le film de mes discussions à Stuttgart. Quinze ans que je travaille dans le cadre d’équipes franco-allemandes de profs, d’éditeurs et d’illustrateurs basés en Allemagne et en France mais parfois aussi en Espagne, en Belgique et en Suisse. Nous inventons des livres qui, nous l’espérons, donneront le goût aux élèves allemands d’apprendre le français. Nous imaginons des manuels scolaires, des BD et tout une palette de lectures.

Il faut faire preuve de créativité et, en même temps, se plier aux règles de la didactique, prendre en compte aussi les dernières découvertes scientifiques sur la façon dont le cerveau fonctionne. On ne peut plus enseigner aujourd’hui comme on le faisait jusque là. Néanmoins, dans ce domaine comme dans d’autres, les résistances sont fortes, le changement ne se distille que progressivement.

Nous constatons de part et d’autre que nos deux langues sont de moins choisies par les élèves. En France, le recul de l’allemand est particulièrement préoccupant.

Dire aux enfants et à leurs parents que l'Allemagne est notre premier partenaire économique n'est probablement pas le meilleur argument pour les convaincre de choisir l'allemand. Est-ce que cela peut vraiment motiver un ado ?

Les clichés ont la vie dure. En particulier sur l'Allemagne. En entendant les arguments des détracteurs de cette langue, je préférerais parfois me boucher les oreilles. Apprendre une langue, c'est toujours ouvrir son monde intérieur, l'élargir et pas seulement se donner plus de chances de trouver un emploi. 

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