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Zou ! Le blog d'isabelle Collombat
6 avril 2011

Prix littéraire des collégiens de haute-Savoie

Je rentre de Haute-Savoie,annecy_vue

exténuée,

lessivée,

harassée,

vidée.

Je n'écris pas pour me plaindre. Je dresse juste un constat de l'état dans lequel je me trouve. Je devrais me ménager, ne pas prendre les choses trop à coeur. Mais je ne vois pas la vie autrement et, du reste, il me semble que ce déploiement d'énergie vaut la peine la plupart du temps. Pour ce qui est de ce voyage entre Evian et Annecy, il faudrait être difficile pour ne pas être satisfaite. 

lettresJe reviens avec des slams, des poèmes, des lettres, des textes en tous genres que des élèves de quatrième et troisième ont écrits à partir de mon roman « Quand mon frère reviendra », sélectionné dans le cadre du Prix littéraire des collégiens de Haute-Savoie, et parfois aussi à partir de mes autres livres « Dans la peau des arbres » et « Bienvenue à Goma ».

Après ces deux journées et ces sept rencontres à Evian, Saint-Julien en Genevois, Annecy et Cran Gevrier, j'en sais un peu plus sur ce qui me pousse à accepter ce genre de déplacements.

J'en reparlerai plus tard. D'abord, je veux raconter des souvenirs en vrac.

A Annecy, mardi matin, au collège privé desIMG_3619 Tilleuls, entendre Alexandra jouer du violon pour m'accueillir puis voir les quinze élèves se lever les uns après les autres et les écouter lire les slams qu'ils avaient écrits.

J'ai été bouleversée, émue, bluffée, retournée, modifiée peut-être aussi par eux.

Dans ce même collège, avant notre rencontre, j'ai assisté au spectacle des 350 élèves rassemblés dans la cour avec leurs profs pour danser et fêter le centenaire de l'Union départementale sportive de l'école libre devant les petits de primaire et de maternelle. Un grand moment un peu fou !

une_lettre_rien_queenveloppe_pilesignaturesPlus tôt mardi matin, instants magiques au CDI du collège Saint-François d'Annecy. Il était tôt, mais les regards des élèves et des profs étaient tendus vers moi. J'ai senti à quel point les mots que je pouvais dire entraient en eux, combien ils faisaient leur effet et combien nous échangions entre nous des regards, des sentiments, des impressions, des idées.

A la fin, deux jeunes filles se sont levées et m'ont remis une lettre collective imprimée sur du papier rose avec la signature de chacun d'entre eux sur du papier bleu. J'ai lu la lettre bien plus tard dans le train du retour. Merci, je veux vous dire ici que j'ai apprécié notre rencontre.

Mardi après-midi, 14H30, soleil magnifique sur les montagnes et sur le lac d'Annecy et dernière intervention au collège Beauregard de Cran-Gevrier avec une classe de troisième qui a la bougeotte. Première question : pourquoi tant de sentiments dans votre livre et si peu d'actions ?

Ça commençait fort ! Je leur dis que moi, c'est ce que j'aime dans la vie comme dans les livres, les sentiments, ce qui fait qu'on se sent vivre, qu'on n'est pas des cailloux, mais des êtres humains avec un cœur qui palpite. Je ne sais pas vraiment si je les convainc. Quelques uns jouent les caïds, les rebelles, les durs... enfin, il y a quand même bien pire ! Je ne suis pas sûre qu'ils aient très envie d'écouter. Mais je tiens bon, d'autant que d'autres ont l'air intéressé et résistent pour éviter de se faire contaminer par les autres qui ont l'air blasé et désolé. Mais peut-être n'est-ce qu'une apparence... Peut-être que je me trompe et font-ils semblant de jouer l'indifférence.

Une heure plus tôt, dans le même établissement, une autre classe a commencé la rencontre en me confiant d'emblée que mon livre ne lui avait pas vraiment plu... à une exception près.

Je dis souvent lors de mes interventions que je ne cherche pas le plébiscite, que le partage avec une ou deux personnes me suffit déjà amplement. Ici, cette personne s'appelle Alexis, un garçon en tee-shirt turquoise qui assume devant tout le monde sa différence, qui dit s'être reconnu dans le livre. Je trouve cette attitude courageuse. Pas facile d'affronter le regard des autres.

Néanmoins, le dialogue s'engage et l'échange va au-delà des questions préparées en cours.

A la fin, leur prof me remet des textes qu'ils ont écrits et dans lequel ils m'expliquent ce qu'ils s'attendaient à trouver dans mon livre et qu'ils n'ont pas trouvé. La consigne était la suivante :

"Ecrire un résumé du livre idéal sur le thème de "Quand mon frère reviendra"

Quand je les ai lus, bien plus tard, j'ai trouvé quelques idées intéressantes chez certains, des efforts évidents pour proposer quelque chose. Mais, dans leur ensemble, ils ne m'ont pas convaincu que je m'étais trompée d'histoire. Surtout, j'ai été frappée par la difficulté d'une grande majorité d'élèves à communiquer des idées, des sentiments, à écrire même une dizaine de lignes, à trouver les mots, à conjuguer les verbes, à mettre une ponctuation. 

La veille, lundi, la matinée a été vive et riche au collège Jean-Jacques Rousseau deP4040099
P4040097Saint-Julien en Genevois
où j'ai rencontré deux classes de 4ème et de 3ème. Les élèves m'ont lu des poèmes de leur composition, des lettres qu'ils imaginées entre Lia et Phil, les deux personnages de mon roman.IMG_3643


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IMG_3652

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lia

 

evian_cdiL'après-midi, le CDI du collège d'Evian donne sur le lac Léman. C'est magnifique malgré le ciel bouché et le Mont-Blanc invisible sous la brume et les nuages.

A un moment, une fille me demande pourquoi sur mon blog, je ne parle que des rencontres que je fais et pas de mon métier d'écrivain. J'avoue que, sur le coup, j'ai bricolé une réponse. Je lui dirais maintenant, si je l'avais en face de moi, que j'essaie, de cette façon, de ne pas rester bloquée sur moi-même, que ce que je trouve magique, ce sont ces rencontres que provoque l'écriture.

En revanche, je ne sais pas trop ce qu'il y a à écrire sur mon travail. Je ne veux pas fournir ici de grille de lecture de mes romans et encore moins de fiches de lecture. Je suis la dernière à pouvoir d'emblée dire des choses sur mon texte. J'ai besoin d'être interrogée, interpellée, critiquée pour pouvoir essayer de répondre sur ce sujet.

 

vois_tuAlors, voilà, à travers ces rencontres, dire combien il y a des profsIMG_3642 et des documentalistes qui font leur travail avec enthousiasme, engagés et tenaces, malgré le découragement qui menace, malgré le peu de considération pour leur travail, malgré l'indifférence des adultes qui oublient que pour construire une société solide, il faut éduquer les enfants, se soucier d'en faire des citoyens, des humains que les thèses les plus extrêmes ne feront pas plier.IMG_3602

 

J'ai compris, au fil de mes interventions, que, si j'acceptais tous ces déplacements, toutes ces rencontres, c'était ma manière d'assumer ma responsabilité d'adulte, de dire à ces ados qui n'aiment pas lire combien les livres sont un trésor, combien ils rendent libres et curieux. La plupart du temps, leur attention me sidère. Ils ont besoin de nous entendre de ce qui nous habite, ils attendent nos mots énoncés avec sincérité et force pour trouver leur voie.

 

Merci à Anne-Frédérique pour les photos !

 

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